La tripartite entre le gouvernement, l’UGTA et le patronat a finalement accouché d’une souris. Partie pour être un grand espace qui servira à l’annonce de très bonnes nouvelles pour les travailleurs, cette tripartite dite sociale n’a pas tenu toutes ses promesses. L’abrogation de l’article 87 bis, tant défendu par l’UGTA, a été évacuée. Il sera ainsi question de revoir la formulation de cet article afin de libérer les très petits salaires. Pas plus. Et cela ne sera fait que dans la loi de finances 2015. Autrement dit, les travailleurs, dont le pouvoir d’achat a été totalement laminé par l’inflation galopante, devront attendre encore une année pour voir leurs fiches de paie augmenter. Le Premier ministre, Abdelamalek Sellal, a en effet affirmé qu’une nouvelle définition du SNMG (salaire national minimum garanti) interviendra à la faveur de la promulgation de la Loi de Finances 2015. Ce report de l’application de la nouvelle définition est justifié par le Premier-ministre par le souci de permettre aux entreprises de réunir toutes les conditions d’une bonne mise en œuvre. Sellal explique que cette nouvelle définition du SNMG est proposée à la tripartite juste pour apporter certains correctifs, en particulier au profit des travailleurs lésés. Ces travailleurs sont nombreux. Ils se comptent par centaines de milliers et se trouvent essentiellement dans l’administration et les structures publiques. Certains d’entre eux perçoivent des salaires inférieurs au SNMG fixé depuis 2012 à 18 000 DA. Ces travailleurs, qui attendaient cette nouvelle définition pour bénéficier d’une augmentation de salaires, se sentent aujourd’hui floués. Ils se disent profondément déçus par cette décision. « Je ne vois pas pourquoi on doit attendre jusqu’à 2015. Quand il s’agit d’engager des dépenses qui ne profitent pas aux salariés, on les fait à tort et à travers sans échéance ni même loi de finances. Quand il s’agit de nous, les travailleurs, ils prennent tout leur temps. Qui dit que d’ici 2015, ils ne reviendraient pas sur leur engagement », lance un agent communal, désabusé. Du côté du gouvernement, on tente de rassurer. Le Premier ministre affirme que la nouvelle définition est définitivement adoptée. Il n’y aura pas de retour en arrière. Cette nouvelle définition du SNMG vise aussi à améliorer la productivité de l’outil national de production et les résultats de l’entreprise, «source essentielle de création de richesse », a insisté Sellal. L’UGTA, pour rappel, a demandé carrément l’abrogation de l’article 87 bis. Le motif est que la définition qui y est donnée du SNMG pénalise en particulier les travailleurs des basses catégories professionnelles. Le gouvernement a préféré plutôt couper la poire en deux.
Yanis Belmadi